A travers ce projet, ce sont des personnes vivant dans la rue, ou qui y ont vécu, qui se racontent. Il s'agit pour chacun d'entre nous de se rendre compte de ce qui est pourtant une évidence : ils sont des enfants devenus adultes, avec des parcours de vie denses mais souvent parsemés d’embûches. Ils ont connu des accidents de vie, certains essaient de s’en sortir, certains y sont parvenus, d’autres se résignent.

Joaquim
Joaquim dit avoir de l’argent. De l’argent sur un compte à La Poste, et de l’argent au pays. Plus la ferme de ses parents dont il a hérité. En 1969, quand il est parti du Portugal à dix-sept ans, son père lui proposait trois cents euros par mois pour rester s’occuper de cette ferme. Lui voulait plus et, comme beaucoup, il est parti chercher son Eldorado en France. D’abord Lyon pour travailler avec son frère sur des chantiers, puis Marseille, Grenoble, Avignon... Il devient chef de chantier au service de grosses entreprises du bâtiment comme Bouygues ou Eiffage. "Tu sais combien ils ont d’employés Eiffage ? Six cent milles ! Et c’est eux qui ont construit le pont sur le Taje ! Faut pas l’oublier ça !"